Hémorragie digestive basse - Urgences

Tableau 1 - Diagnostic
Diagnostic positif
Définitions
  • Hémorragie digestive basse (HDB) : saignement colique, rectal ou anal.
  • Hématochézie : émission par l'anus de sang rouge, non digéré, mélangé aux selles.
  • Rectorragie : émission par l'anus de sang d'origine rectale.
  • Méléna : extériorisation par l'anus de sang digéré noir.
Notions cliniques
  • Dans l'HDB le sang est rouge +/- associé à des caillots (rares cas de méléna secondaire à des saignements du colon droit).
  • Un méléna traduit une hémorragie digestive haute dans 80 % des cas.
  • L'examen clinique ne permet pas d'évaluer l'abondance du saignement qui semble toujours impressionnant.
  • L'hématochézie ne suffit pas à affirmer le diagnostic d'HDB, un saignement digestif haut peut également entraîner l'émission de sang rouge par l'anus (voir fiche).
Bilan à l'admission
Clinique
  • Histoire du saignement.
  • Recherche d'une prise d'AINS, d'antiagrégant plaquettaire ou d'anticoagulant.
  • Évaluation de la stabilité hémodynamique (scores de sévérité peu performants).
  • Recherche de signes d'orientation étiologique (voir tableau 3).
  • Recherche d'arguments pour une origine haute du saignement :
    • hématémèse ou méléna < 30 jours,
    • cirrhose,
    • antécédent d'hémorragie digestive haute,
    • prise récente d'AINS ou d'aspirine (représente également un facteur de risque d'hémorragie diverticulaire),
    • rapport urée/créatinine > 30,
    • présence de sang au lavage gastrique.
  • Examen anal et toucher rectal.
Biologique
(ordonnance)
  • NFS.
  • Ionogramme sanguin.
  • Urée, créatinine.
  • TP, TCA.
  • Groupe, rhésus, RAI.

À compléter en cas de point d'appel clinique ou de signes de gravité.

 

Tableau 2 - Prise en charge initiale
Prise en charge initiale
Patient stable hémodynamiquement
Transfusion
  • Absence de pathologie cardiovasculaire à risque :
    • seuil transfusionnel : Hb < 7 g/dL,
    • cible post-transfusionnelle : 7 g/dL < Hb < 9 g/dL.
  • Présence d'une pathologie cardiovasculaire à risque :
    • seuil transfusionnel : Hb < 8 g/dL,
    • cible post-transfusionnelle : Hb > 10 g/dL.
Score d'Oakland
(score, en anglais)
Permet d'évaluer la possibilité d'un retour à domicile peu risqué
Score d'Oakland ≤ 8
  • Retour à domicile avec un RDV programmé en ambulatoire pour réalisation d'une coloscopie (consentement).
  • Information du patient (version imprimable).
  • Pas d'indication à l'interruption des anticoagulants (AVK ou AOD) et des antiagrégants plaquettaires (peut se discuter si l'aspirine est prescrite en prévention primaire).
Score d'Oakland > 8
  • Hospitalisation.
  • Coloscopie :
    • examen à réaliser idéalement dans les 72h suivant l'admission et après une préparation colique de qualité (selles claires). En cas de saignement persistant et de terrain fragile, une réalisation plus rapide peut se discuter, mais les recommandations américaines déconseillent la réalisation d'une coloscopie en urgence (<24h),
    • exemple de préparation colique : PEG 5 L à administrer en 3 à 4 heures, avec surveillance de la survenue de troubles hydro-électrolytiques. En cas d'intolérance à la voie orale, la pose d'une SNG et/ou la prescription d'antiémétique peut se discuter,
    • peu d'intérêt de la rectosigmoïdoscopie (rentabilité très faible), sauf si l'origine du saignement est connue et se situe au niveau de l'anus, du rectum ou du sigmoïde distal,
    • consultation d'anesthésie.
  • Gestion des anticoagulants et antiagrégants plaquettaire (AAP) :
    • arrêt des anticoagulants (AVK et AOD) en cas de saignement abondant. Correction des troubles de l'hémostase à discuter en fonction du risque hémorragique et du risque thrombotique,
    • AAP en prévention primaire :
      • arrêt,
      • discuter d'un arrêt définitif,
    • AAP en prévention secondaire :
      • poursuivre l'aspirine faible dose si possible. En cas d'arrêt, le traitement doit être repris dans les 5 jours ou plus tôt en cas d'interruption du saignement.
      • arrêt des antagonsites des récepteurs P2Y12 à discuter avec le cardiologue en fonction du risque hémorragique et du risque ischémique. En cas d'arrêt, le traitement doit être repris dans les 5 jours ou plus tôt en cas d'interruption du saignement.
Patient instable hémodynamiquement
Mesures générales
  • Transfusion :
    • absence de pathologie cardiovasculaire à risque :
      • seuil transfusionnel : Hb < 7 g/dL,
      • cible post-transfusionnelle : 7 g/dL < Hb < 9 g/dL,
    • présence d'une pathologie cardiovasculaire à risque :
      • seuil transfusionnel : Hb < 8 g/dL,
      • cible post-transfusionnelle : Hb > 10 g/dL.
  • Remplissage vasculaire par cristalloïdes (ringer lactate ou sérum salé isotonique) +/- catécholamines.
Prise en charge du saignement
  • Angio-TDM abdominal en urgence (ordonnance) :
    • origine du saignement visualisée :
      • artério-embolisation en urgence (<60 minutes après la réalisation de l'angio-TDM),
      • selon l'état du patient, le site du saignement et l'expertise locale, un traitement endoscopique peut parfois se discuter en alternative à l'artérioembolisation,
    • origine du saignement non visualisée : EOGD en urgence, et/ou coloscopie précoce après préparation colique.
  • Peu d'intérêt de la rectosigmoïdoscopie (rentabilité très faible), sauf si l'origine du saignement est connue et se situe au niveau de l'anus, du rectum ou du sigmoïde distal.
  • Place très limitée de la chirurgie, à discuter uniquement en cas d'instabilité hémodynamique persistante et d'échec ou d'impossibilité de réalisation de l'artério-embolisation et du traitement endoscopique.
Gestion des anticoagulants et des antiagrégants plaquettaires
  • Anticoagulants :
    • arrêt des anticoagulants (AOD et AVK),
    • antagonisation :
      • AVK : vitamine K 10 mg + PPSB (ou PFC si PPSB non disponible),
      • AOD : antagonisation en cas d'instabilité hémodynamique persistante malgré la prise en charge réanimatoire et l'arrêt du traitement :
        • dabigatran : idarucizumab (5 g sous forme de 2 perfusions de 2,5 g consécutives de 5 à 10 minutes chacune),
        • anti-Xa (rivaroxaban, apixaban, edoxaban) : PPSB ou andexanet (non disponible en France),
    • reprise du traitement :
      • risque thrombotique faible : le plus rapidement possible à partir de 7 jours après l'interruption,
      • risque thrombotique élevé : dans les 72 premières heures, initialement par héparine.
  • Antiagrégants plaquettaires (AAP):
    • AAP en prévention primaire :
      • arrêt,
      • discuter d'un arrêt définitif,
    • AAP en prévention secondaire :
      • poursuivre l'aspirine faible dose si possible.  En cas d'arrêt, le traitement doit être repris dans les 5 jours ou plus tôt en cas d'interruption du saignement.
      • arrêt des antagonsites des récepteurs P2Y12 (clopidogrel, prasugrel, ticagrelor). à discuter avec le cardiologue en fonction du risque hémorragique et du risque ischémique. En cas d'arrêt, le traitement doit être repris dans les 5 jours ou plus tôt en cas d'interruption du saignement.
    • la transfusion de plaquette pour neutraliser l'effet des antiagrégants plaquettaires ne semble pas indiquée.

 

Tableau 3 - Principales étiologies
Principales étiologies
ExemplesÉléments d'orientation
Lésions proctologiques
  • Hémorroïdes (voir fiche).
  • Fissure anale (voir fiche).
  • Traumatisme.
  • Prolapsus rectal.
  • Ulcération.
  • Histoire clinique évocatrice.
  • Sang rouge.
  • Absence de déglobulisation.
  • Examen proctologique. 
Lésions vasculaires
  • Angiodysplasies/télangiectasies.
  • Varices coliques ou rectales.
  • Âge avancé.
  • Maladie de Rendu Osler, rétrécissement aortique, insuffisance rénale chronique (télangiectasies).
  • Endoscopies digestives.
Maladie inflammatoire chronique de l'intestin
  • Rectocolitite hémorragique.
  • Maladie de Crohn.
  • Diarrhées récidivantes.
  • Endoscopies digestives et biopsies.
Tumeurs
  • Polype.
  • Cancer colorectal.
  • Cancer anal.
  • Cancer du grêle.
  • Métastases.
  • Antécédents personnels et familiaux de polypes ou cancer colorectal.
  • Troubles du transit d'installation récente.
  • Masse palpable.
  • Endoscopies digestives et biopsies.
Iatrogène
  • Post-résection : polypectomie, mucosectomie, dissection sous muqueuse.
  • Rectite radique.
Contexte
Autres
Diverticules +++
  • Diverticulose colique : 
    • cause la plus fréquente d'HDB (30-40%),
    • plus fréquente chez le sujet âgé,
    • HDB favorisée par la prise d'AINS ou d'aspirine.
  • Sujet jeune : diverticule de Meckel.
Colite ischémique
  • Contexte de trouble du rythme cardiaque, d'athérome, de vascularite ou de chirurgie abdominale ou vasculaire récente.
  • Douleur abdominale et diarrhée sanglante.
  • Endoscopies digestives.
Colite infectieuse
  • Contexte de TIAC, de voyage récent, de rapports anaux non protégés (IST), de prise d'antibiotique récente.
  • Diarrhée.
  • Prélèvements bactériologiques et parasitaires.

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Prescription d'IPP en cas de traitement par AINS
Indications
  • Co-prescription d’IPP et d’AINS en prévention de l'UGD uniquement si :
    • personnes ≥ 65 ans, ou
    • antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal (dans ce cas une infection à H. pylori doit être recherchée et traitée, voir fiche), ou
    • association de l'AINS à (pour rappel : ces associations doivent de principe être évitées) :
      • un antiagrégant plaquettaire (notamment l’aspirine à faible dose et le clopidogrel), ou
      • un corticoïde, ou
      • un anticoagulant.
  • Les IPP doivent être interrompus en même temps que le traitement par AINS.
  • IPP inutiles pour prévenir les complications digestives des antiagrégants plaquettaires/anticoagulants (sans AINS) chez les patients ayant un faible risque de complication (pas d’antécédents d’UGD ou d’hémorragie digestive haute notamment).
Ordonnances
(dose préventive)

Surveillance des plaquettes sous héparine
Indications
  • Surveillance plaquettaire systématique des plaquettes en cas de situation à risque intermédiaire ou élevé de thrombopénie induite par l'héparine (TIH) :
    • risque intermédiaire :
      • patient présentant un cancer.
      • traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative et contexte chirurgical (dont césarienne) ou traumatique (immobilisation...).
      • traitement par HNF à dose prophylactique.
      • antécédents d’exposition à une HNF ou aux HBPM dans les 6 derniers mois (en cas de réintroduction après une exposition récente, la chute des plaquettes peut être très rapide).
    • risque élevé :
      • traitement par HNF et contexte de chirurgie (dont césarienne).
      • traitement par HNF à dose curative.
      • circulation extracorporelle.
  • Un traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative ne nécessite pas de surveillance systématique des plaquettes en contexte médical (sauf cancer) ou obstétrical (sauf chirurgie, dont césarienne) ou en cas de traumatisme mineur.
Modalités
  • Le rythme de surveillance des plaquettes n'est pas consensuel. La proposition retenue ici est celle des recommandations de l'ANSM (2011).
  • Situations nécessitant une surveillance plaquettaire systématique (voir ci-avant) : dosage plaquettaire :
    • avant l'introduction du traitement ou au plus tard 24h après son introduction,
    • puis 2 fois par semaine pendant 1 mois,
    • puis 1 fois par semaine jusqu'à l'arrêt du traitement (la nécessité de poursuivre la surveillance au-delà de 4-6 semaines n'est pas consensuelle),
    • et à chaque fois que nécessaire en cas de signes évocateurs de TIH :
      • aggravation ou nouvelle suspicion d’événements thrombo-emboliques veineux et/ou artériels,
      • lésion cutanée douloureuse au point d’injection sous-cutanée,
      • manifestation systémique anaphylactoïde.
  • Situation ne nécessitant pas de surveillance plaquettaire systématique : dosage plaquettaire :
    • avant l'introduction du traitement ou au plus tard 24h après son introduction,
    • à chaque fois que nécessaire en cas de signes évocateurs de TIH :
      • aggravation ou nouvelle suspicion d’événements thrombo-emboliques veineux et/ou artériels,
      • lésion cutanée douloureuse ou nécrose au point d’injection sous-cutanée,
      • manifestation systémique anaphylactoïde lors de l'injection.
Interprétation

Risque de TIH évalué par le score des 4T (calculateur) :

  • 0 à 3 : risque faible
  • 4 ou 5 : risque modéré
  • 6 à 8 : risque élevé

Toute suspicion de TIH ou score 4T ≥ 4 doit conduire à un arrêt immédiat du traitement par HBPM et à solliciter un avis spécialisé en urgence pour introduire un relais par anticoagulant non héparinique et poursuivre les explorations par un dosage des anticorps anti-PF4.