Diagnostic |
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Généralités |
- L'ostéonécrose aseptique est une nécrose de l'épiphyse osseuse.
- La tête fémorale est la plus fréquemment touchée (75 %), mais d'autres localisations peuvent exister (tête humérale, condyle fémoral, extrémité proximale du tibia, talus, calcanéus…).
- Les atteintes bilatérales voire multifocales sont fréquentes.
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Clinique |
Terrain | - Prédominance masculine.
- Plus fréquent entre 20 et 60 ans.
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Facteurs de risque | - Iatrogènes :
- corticothérapie (micro-embols lipidiques et cytotoxicité sur les ostéocytes),
- risque majoré si voie IV, bolus, forte dose (≈ > 0.5 mg/kg),
- apparition dans les 2 à 6 mois suivant le début de la corticothérapie,
- greffe d’organe, greffe de moelle hématopoïétique (réaction de GVH et corticothérapie associée),
- chimiothérapie (cytotoxicité sur les ostéocytes).
- Hématologiques :
- drépanocytose SS, SC (crises vaso-occlusives),
- maladie de Gaucher (compression extravasculaire par prolifération cellulaire intra-médullaire),
- +/- histiocytose.
- Métaboliques :
- éthylisme aigu ou chronique (micro-embols lipidiques, cytotoxicité sur les ostéocytes),
- dyslipidémie (micro-embols lipidiques, lipidose intra-médullaire),
- syndrome de Cushing,
- cytostéatonécrose sur pancréatite ou cancer du pancréas,
- diabète (lipidose intra-médullaire),
- +/- tabagisme.
- Maladies auto-immunes systémiques :
- syndrome des antiphospholipides (SAPL) (occlusions vasculaires),
- lupus érythémateux systémique (corticoïdes, SAPL).
- Autres :
- grossesse (effet hormonal, hypercoagulabilité de la grossesse),
- VIH,
- dysbarique : variation de pression (plongée sous-marine, travailleurs en milieu hyperbare) (micro-embols gazeux),
- thrombophilie (état d’hypercoagulabilité).
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Interrogatoire | - Douleur :
- mécanique,
- apparaissant souvent à distance de l'installation de la nécrose,
- parfois absente,
- ostéonécrose coxo-fémorale : douleur localisée au pli de l'aine (parfois plus postérieure) +/- irradiation à la cuisse ou au genou.
- Impotence fonctionnelle liée à la douleur.
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Examen physique | - Mobilisation douloureuse de l'articulation mais peu ou pas limitée à la phase initiale.
- Recherche d'un facteur de risque (voir ci-avant) : recherche de splénomégalie, syndrome anémique, saignement cutanéo-muqueux.
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Paraclinique |
Biologie (ordonnance) |
- Non nécessaire en cas de cause évidente, notamment de corticothérapie.
- Contenu (ordonnance) :
- NFS,
- TP, TCA,
- créatinine,
- bilan hépatique,
- CRP,
- FAN (et anti-ADN natif si FAN positifs),
- recherche de SAPL,
- exploration d’une anomalie lipidique,
- glycémie à jeun,
- sérologie VIH.
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Imagerie |
Radiographies (ordonnance) | - Peuvent être normales au début.
- Signes évocateurs :
- plage d'hyperclarté au sein de l'épiphyse et plage d'opacité pouvant circonscrire la plage d'hyperclarté, puis
- fracture sous-chondrale : fine clarté sous-chondrale "en coquille d’œuf" suivie d'une perte de sphéricité avec apparition d'un méplat de la tête fémorale, puis
- signes d'arthrose secondaire.
- Classification radiologique d'Arlet et Ficat pour l'ostéonécrose des têtes fémorales (ONTF) (lien) :
- stade 0 : radiographie normale, asymptomatique,
- stade I : radiographie normale, douleur,
- stade II : ostéopénie, ostéosclérose localisée circonscrivant la lésion, sans effondrement de la tête fémorale,
- stade III : effondrement : fracture sous-chondrale avec signe de la coquille d'œuf (IIIa) puis aplatissement/déformation de la tête fémorale (IIIb),
- stade IV : coxarthrose secondaire.
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IRM (ordonnance) | - Nécessaire au diagnostic si les radiographies sont normales.
- Inclure des coupes coronales du bassin si suspicion d'ONTF (examen des 2 hanches).
- Discuter l'IRM corps entier si suspicion d'ostéonécrose multifocale (atteinte des 2 hanches, corticothérapie forte dose, infarctus osseux également connus).
- Signes évocateurs :
- zone nécrosée gardant initialement un signal graisseux devenant secondairement hétérogène et évoluant vers l’hyposignal T1,
- liseré péri-nécrotique allant de la corticale à la corticale et circonscrivant en carte de géographie la lésion nécrotique :
- en hyposignal T1 et signal T2 variable selon le degré de calcification de l’os (hyperT2 puis hypoT2),
- parfois doublé par un trait parallèle en hypersignal T2 ou STIR (double ligne de Mitchell) au contact de la nécrose,
- +/- épanchement intra-articulaire voire œdème médullaire péri-lésionnel au stade initial. Un œdème important situé sous la lésion nécrosée est un signe de mauvais pronostic, pouvant indiquer l'existence d'une fracture sous-chondrale.
- Classification de la Japanese Investigation Committee pour l’ONTF (JIC) (lien) évalué en séquence T1 :
- stade selon l’importance de nécrose atteignant la surface de zone portante de la tête fémorale :
- stade A = nécrose <⅓ de la zone portante,
- stade B = nécrose <⅔ de la zone portante,
- stade C1 = nécrose >⅔ de la zone portante,
- stade C2 = nécrose de 100% de la zone portante.
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Autres | Si IRM non réalisable- Scintigraphie osseuse au Tc99m :
- permet d'analyser l’ensemble du squelette à la recherche d'éventuelles autres localisations,
- moins sensible que l'IRM.
- TDM :
- plus performant que la radiographie pour identifier un début d’effondrement de l’épiphyse (à vérifier lorsque stade 2 radiographique),
- également indiqué avant une chirurgie (ordonnance).
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Complications |
- Fracture sous-chondrale responsable d'un effondrement de l'épiphyse,
- plus à risque si articulation portante et zone de nécrose étendue,
- survient en général dans les 2 ans suivant l’ostéonécrose,
- douloureuse ou asymptomatique.
- Puis arthrose secondaire précoce et sévère.
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Diagnostics différentiels |
Autres causes d’ostéonécrose | - Ostéonécrose vasculaire d’origine traumatique (suite à une fracture ou à une luxation).
- Ostéonécrose septique.
- Ostéoradionécrose (induite par la radiothérapie).
- Ostéochimionécrose (induite par les anti-résorbeurs osseux, anti-VEGF…).
- Nécroses avasculaires d’origine micro-traumatique :
- de l'os naviculaire (maladie de Köhler),
- de la tête métatarsienne (maladie de Freiberg),
- du sésamoïde métatarsien (maladie de Renander),
- du lunatum (maladie de Kienböck),
- du scaphoïde (maladie de Preiser),
- vertébrale lors des fractures vertébrales (pseudarthrose avec phénomène de vide intra-vertébral),
- ostéonécrose spontanée du genou (SONK lésion).
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Autres causes de syndrome d’œdème médullaire de la tête fémorale | - Fracture de contrainte sous chondrale.
- Syndrome douloureux régional complexe.
- Ostéoporose ou œdème transitoire de hanche.
- Contusion post-traumatique.
- Coxarthrose destructrice rapide.
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