Lombalgies

Tableau 1 - Principales étiologies des lombalgies
Étiologies
Lombalgies communes
  • Poussée aiguë de lombalgie = lumbago.
  • Lombalgies chroniques (> 3 mois) :
    • lésions discovertébrales dégénératives,
    • chronicisation d'une lombalgie aiguë.
Lombalgies secondaires
Rachidiennes
  • Tumorales : métastases, localisation myélomateuse, tumeur primitive vertébrale.
  • Infectieuses : infection discovertébrale.
  • Rhumatismes inflammatoires.
  • Neurologiques : tumeurs intra rachidiennes.
  • Post-traumatiques : fractures et luxations.
  • Ostéoporotique : fracture vertébrale.
Viscérales (avec douleur référée)
  • Anévrisme de l'aorte.
  • Pathologies du système urinaire.
  • Pathologies du système digestif.
  • Adénopathie ou fibrose rétropéritonéale.
  • Tumeurs abdomino-pelviennes.

 

Tableau 2 - Lombalgies communes
Lombalgies communes
Généralité
  • Des douleurs de plusieurs origines peuvent cohabiter chez un même patient.
  • Toujours rechercher la présence de drapeaux rouges avant de conclure à une lombalgie commune (voir tableau 3).
Origine discale
  • Sujet jeune (20-60 ans).
  • Antécédents similaires d'évolution rapidement favorable.
  • Facteur déclenchant identifié.
  • Douleur :
    • impulsive (toux, rire...),
    • horaire mécanique,
    • localisation médiane,
    • contracture musculaire associée.
Origine arthrosique
  • Sujet âgé (> 50 ans).
  • Douleur :
    • médiane ou unilatérale,
    • aggravée par l'hyperextension et le procubitus,
    • améliorée par l’antéflexion,
    • référée à distance sans trajet précis : fesse-cuisses-épines iliaques,
    • Hhyperesthésie des zones douloureuses au palper-rouler.

 

Tableau 3 - Situations à risque
Drapeaux rouges
(évoquer une lombalgie secondaire)
Drapeaux jaunes
(facteurs de risque biopsychosociaux de chronicisation)
  • Début avant 20 ans ou après 55 ans.
  • Douleur d'aggravation progressive.
  • Douleur présente au repos.
  • Douleur permanente.
  • Douleur insomniante.
  • Douleur thoracique associée.
  • Signes évocateurs d'une :
    • atteinte neurologique :
      • déficit moteur radiculaire,
      • atteinte médullaire,
      • syndrome de la queue-de-cheval,
      • paresthésies au niveau du pubis,
    • pathologie néoplasique :
      • antécédent de cancer,
      • altération de l'état général,
      • perte de poids inexpliquée,
      • adénopathie,
    • pathologie inflammatoire rhumatismale : antécédent de maladie inflammatoire rhumatismale,
    • infection discovertébrale :
      • fièvre inexpliquée,
      • usage de drogues intraveineuses,
      • contexte d'immunosuppression,
      • bactériémie récente.
    • complication de la chirurgie du rachis.
  • Traumatisme important.
  • Corticothérapie prolongée.
  • Déformation structurale importante de la colonne.
  • Dépression.
  • Anxiété ou détresse affective.
  • Tendance à une humeur dépressive et au retrait des activités sociales.
  • Fausses informations et fausses croyances : idée que la douleur représenterait un danger ou qu'elle pourrait entraîner un handicap grave.
  • Comportement passif avec attente de solutions placées dans des traitements plutôt que dans une implication personnelle active.
  • Attitude d'évitement ou de réduction de l'activité liée à la peur.
  • Problèmes liés au travail : 
    • insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile,
    • indemnisation : rente, pension d'invalidité.
Drapeaux noirs
(facteurs pronostiques liés à la politique de l'entreprise et au système de soins et d'assurance)

Drapeaux bleus
(facteurs pronostiques liés aux représentations du travail et de l'environnement)

  • Politique de l'employeur empêchant la réintégration progressive ou le changement de poste.
  • Insécurité financière.
  • Critères du système de compensation.
  • Incitatifs financiers.
  • Manque de contact avec le milieu du travail.
  • Arrêt de travail prolongé.
  • Charge physique élevée au travail.
  • Forte demande au travail et faible contrôle sur le travail.
  • Manque de capacité à modifier son travail,
  • Manque de soutien social.
  • Pression temporelle ressentie.
  • Absence de satisfaction au travail.
  • Stress au travail.
  • Faible espoir de reprise du travail.
  • Peur de la rechute.
 
 
Tableau 4 - Indications des examens paracliniques
Indication des examens paracliniques
Poussée aiguë de lombalgie sans drapeau rouge
< 3 mois
  • Pas d'imagerie.
  • Expliquer au patient qu'une imagerie n'est pas nécessaire.
> 3 mois
  • IRM rachidienne (ordonnance) en 1re intention ou scanner en cas de contre-indication à l'IRM (ordonnance).
  • Expliquer au patient l’absence de corrélation radioclinique et dédramatiser les termes médicaux du compte-rendu.
  • Pas d'indication à renouveler l'imagerie en l'absence de modification des symptômes.
Drapeaux rouges
Imagerie
(ordonnance)
IRM rachidienne rapide.
Biologie
(ordonnance)
  • CRP.
  • Électrophorèse des protéines sériques.
  • Calcémie.

 

Tableau 5 - Prise en charge des lombalgies communes
Prise en charge des lombalgies communes
Messages clés
  • L'exercice physique est le traitement principal, si besoin dans le cadre d'une activité physique adaptée (voir fiche).
    Activités physiques à privilégier :
    • exercices de type « corps-esprit » : tai-chi, yoga et Pilates,
    • natation, hormis la nage papillon,
    • marche avec ou sans bâtons,
    • vélo (classique, elliptique ou ergocycle) s’il y a une bonne adaptation technique de la position,
    • golf et judo avec une technique rigoureuse.
  • Reprise précoce de l'activité professionnelle.
  • Les myorelaxants ont une balance bénéfice/risque défavorable.
Prise en charge
(arbre décisionnel HAS)
Absence de drapeau jaune et évolution < 3 mois
  • Éducation (version imprimable).
  • Activité physique, si besoin dans le cadre d'une activité physique adaptée (voir fiche).
  • AINS ± IPP + Antalgiques (ordonnance).
  • +/- Ceinture lombaire sur une courte période pour accompagner la reprise d'activité (efficacité non démontrée sur l'évolution).
  • Réévaluation à 2-4 semaines :
    • diminution de la douleur et bonne reprise des activités :
      • désescalade thérapeutique, ET
      • encourager l'autorééducation et l'exercice physique (voir application Activ'Dos, CPAM),
    • amélioration insuffisante : prise en charge multidisciplinaire (voir ci-après).

Drapeaux jaunes et évolution < 3 mois
(lombalgie à risque de chronicité)
ou
Lombalgie récidivant dans les 12 mois
(lombalgie récidivante)

  • Éducation (version imprimable).
  • Activité physique, si besoin dans le cadre d'une activité physique adaptée (voir fiche).
  • AINS ± IPP + Antalgiques (ordonnance).
  • Kinésithérapie (ordonnance).
  • +/- Ceinture lombaire sur une courte période pour accompagner la reprise d'activité (efficacité non démontrée sur l'évolution).
  • Réévaluation à 2-4 semaines :
    • diminution de la douleur et bonne reprise des activités :
      • désescalade thérapeutique +
      • encourager l'autorééducation et l'exercice physique
    • amélioration insuffisante : prise en charge multidisciplinaire (voir ci-après).
Évolution > 3 mois ou absence d'amélioration après le traitement initial
  • Prise en charge multidisciplinaire :
    • médecin traitant,
    • kinésithérapeute,
    • rhumatologue,
    • médecine physique et de réadaptation,
    • +/- psychologue (TCC),
    • +/- médecin de la douleur.
  • +/- Infiltration après réalisation d'une imagerie rachidienne.
  • Si arrêts de travail répétés ou prolongés (> 4 semaines) :

Éviter les discordances de discours entre professionnels impliqués.

Arrêt de travail
  • L'arrêt de travail n'est pas systématiquement nécessaire.
  • Si un arrêt de travail est prescrit, sa durée doit être la plus courte possible.
  • La CNAM propose des durées d'arrêt de travail. Ces durées sont indicatives et reposent sur un faible niveau de preuve, elles peuvent néanmoins être utiles pour la discussion avec le patient. La durée est à adapter à l'état du patient :
    • cas général : 0 jour,
    • si l’intensité des douleurs le justifie : 5 jours (puis réévaluation).

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Prescription d'IPP en cas de traitement par AINS
Indications
  • Co-prescription d’IPP et d’AINS en prévention de l'UGD uniquement si :
    • personnes ≥ 65 ans, ou
    • antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal (dans ce cas une infection à H. pylori doit être recherchée et traitée, voir fiche), ou
    • association de l'AINS à (pour rappel : ces associations doivent de principe être évitées) :
      • un antiagrégant plaquettaire (notamment l’aspirine à faible dose et le clopidogrel), ou
      • un corticoïde, ou
      • un anticoagulant.
  • Les IPP doivent être interrompus en même temps que le traitement par AINS.
  • IPP inutiles pour prévenir les complications digestives des antiagrégants plaquettaires/anticoagulants (sans AINS) chez les patients ayant un faible risque de complication (pas d’antécédents d’UGD ou d’hémorragie digestive haute notamment).
Ordonnances
(dose préventive)

Surveillance des plaquettes sous héparine
Indications
  • Surveillance plaquettaire systématique des plaquettes en cas de situation à risque intermédiaire ou élevé de thrombopénie induite par l'héparine (TIH) :
    • risque intermédiaire :
      • patient présentant un cancer.
      • traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative et contexte chirurgical (dont césarienne) ou traumatique (immobilisation...).
      • traitement par HNF à dose prophylactique.
      • antécédents d’exposition à une HNF ou aux HBPM dans les 6 derniers mois (en cas de réintroduction après une exposition récente, la chute des plaquettes peut être très rapide).
    • risque élevé :
      • traitement par HNF et contexte de chirurgie (dont césarienne).
      • traitement par HNF à dose curative.
      • circulation extracorporelle.
  • Un traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative ne nécessite pas de surveillance systématique des plaquettes en contexte médical (sauf cancer) ou obstétrical (sauf chirurgie, dont césarienne) ou en cas de traumatisme mineur.
Modalités
  • Le rythme de surveillance des plaquettes n'est pas consensuel. La proposition retenue ici est celle des recommandations de l'ANSM (2011).
  • Situations nécessitant une surveillance plaquettaire systématique (voir ci-avant) : dosage plaquettaire :
    • avant l'introduction du traitement ou au plus tard 24h après son introduction,
    • puis 2 fois par semaine pendant 1 mois,
    • puis 1 fois par semaine jusqu'à l'arrêt du traitement (la nécessité de poursuivre la surveillance au-delà de 4-6 semaines n'est pas consensuelle),
    • et à chaque fois que nécessaire en cas de signes évocateurs de TIH :
      • aggravation ou nouvelle suspicion d’événements thrombo-emboliques veineux et/ou artériels,
      • lésion cutanée douloureuse au point d’injection sous-cutanée,
      • manifestation systémique anaphylactoïde.
  • Situation ne nécessitant pas de surveillance plaquettaire systématique : dosage plaquettaire :
    • avant l'introduction du traitement ou au plus tard 24h après son introduction,
    • à chaque fois que nécessaire en cas de signes évocateurs de TIH :
      • aggravation ou nouvelle suspicion d’événements thrombo-emboliques veineux et/ou artériels,
      • lésion cutanée douloureuse ou nécrose au point d’injection sous-cutanée,
      • manifestation systémique anaphylactoïde lors de l'injection.
Interprétation

Risque de TIH évalué par le score des 4T (calculateur) :

  • 0 à 3 : risque faible
  • 4 ou 5 : risque modéré
  • 6 à 8 : risque élevé

Toute suspicion de TIH ou score 4T ≥ 4 doit conduire à un arrêt immédiat du traitement par HBPM et à solliciter un avis spécialisé en urgence pour introduire un relais par anticoagulant non héparinique et poursuivre les explorations par un dosage des anticorps anti-PF4.