Goutte

Tableau 1 - Diagnostic
Diagnostic
Clinique
Terrain
  • Homme de plus de 35 ans.
  • Femme ménopausée.
  • Diurétique au long cours (thiazidiques ou de l’anse).
  • Transplantation.
  • Insuffisance rénale chronique (diminution excrétion acide urique).
  • Hémopathie chronique : polyglobulie ou LLC.
  • Antécédents familiaux +++.
  • Traitements hyperuricémiants : ciclosporine, tacrolimus, aspirine à faible dose, éthambutol, pyrazinamide, certaines chimiothérapies.
Arthrite
  • Début brutal (pic atteint douloureux en moins de 24h).
  • Localisation évocatrice : métatarso-phalangienne du gros orteil (atteinte plus rare des grosses articulations).
  • Forte intensité de la douleur (EVA> 6/10).
  • Inflammation locale.
  • Résolution spontanée avec restauration ad integrum de l'articulation en début de maladie (destruction articulaire possible sur le long terme).
  • Sensible à la colchicine.
Signes associés
  • Arthropathies chroniques.
  • Tophus.
  • Manifestations rénales :
    • lithiases uriques (colique néphrétique, voir la fiche),
    • néphropathies uratiques.
Paraclinique
SystématiquePonction articulaire
  • Systématique si doute diagnostique pour éliminer une arthrite septique.
  • Liquide inflammatoire (> 2000 éléments/mm3).
  • Présence de microcristaux d'urate de sodium.
Biologie
(ordonnance)
  • Uricémie (en faveur du diagnostic si > 360 μmol/L, mais peut-être normale lors des crises).
  • NFS (possible agranulocytose sous colchicine).
  • Créatinine.
  • Bilan lipidique (bilan des facteurs de risque cardiovasculaire).
Imagerie

Non systématique :

  • radiographies : images tardives,
  • échographie articulaire : aspect de "double contour"évocateur.

 

Tableau 2 - Prise en charge
Généralités
  • Introduction d'un traitement de fond (hypouricémiant) dès la 1re crise.
  • Importance de la précocité du traitement de la crise : remettre une ordonnance pour traitement autodéclenché (éducation thérapeutique).
  • Dépister et prendre en charge : 
    • les maladies et les facteurs de risques cardio-vasculaires,
    • le syndrome métabolique,
    • l'insuffisance rénale.
Indications à un avis spécialisé
  • Début avant 35 ans.
  • Échec du traitement de la crise.
  • Atteinte polyarticulaire.
  • Présence de tophus.
  • Insuffisance rénale chronique.
  • Crise de goutte associée à une insuffisance cardiaque ou coronaire instable.
  • Antécédent de transplantation d'organe.
  • Hyperuricémie persistante malgré la dose maximale d'allopurinol.
Règles hygiéno-diététiques
(version imprimable)
  • Perte de poids.
  • Limiter la consommation de boissons alcoolisées.
  • Éviter la consommation de spiritueux et de bière (même sans alcool).
  • Régime :
    • limiter la consommation des sodas sucrés et diminution des jus de fruits riches en fructose,
    • limiter la consommation de viande et de produits de la mer,
    • favoriser la consommation de laitage écrémé (effet uricosurique),
    • à noter : faible niveau de preuve d'efficacité du régime sur la prévention de nouvelles crises ou sur la réduction de l'uricémie. Les recommandations anglaises de 2022 proposent uniquement la perte de poids, la diminution de la consommation d'alcool et une alimentation équilibrée.
Lutte contre la iatrogénie
  • Arrêt si possible des traitements diurétiques.
  • À l'inverse, l'amlodipine et le losartan ont un effet uricosurique (réduction de l'uricémie).
Traitement de la crise
Principes
  • La colchicine a une marge thérapeutique étroite.
  • Ne pas prescrire d'association colchicine + opiacés (type Colchimax) qui masque les troubles digestifs (1er signe de surdosage).
  • Contre-indication absolue de la colchicine en cas de traitement par macrolides (sauf spiramycine) ou pristinamycine, ou de DFG < 30 mL/min.
  • Association déconseillée avec le vérapamil, l'amiodarone, les azolés, les antiprotéases du VIH, le télaprévir, la fluoxétine, la ciclosporine.
  • L’association aux statines peut majorer les effets indésirables musculaires.
  • Mesures non médicamenteuses :
    • orthèse de repos, 
    • glaçage de la zone douloureuse.
Adaptation posologique en fonction du DFG
DFG
> 60 mL/min
30 mL/min < DFG <60 mL/min
  • Avis spécialisé.
  • Antalgiques + Corticoïdes (ordonnance), ou
  • Antalgiques + Colchicine (diminuer la dose de colchicine, pas de schéma posologique clair identifié).
DFG < 30 mL/min
  • Avis spécialisé.
  • Antalgiques + Corticoïdes (ordonnance)
Traitement de fond (hypouricémiant)
Généralités
  • Initié dès le diagnostic de la goutte, après résolution de l'épisode aigu (attendre 2 à 4 semaines après résolution de la poussée).
  • Ne pas traiter une hyperuricémie asymptomatique.
  • Objectif : uricémie < 360 μmol/L (au mieux <300 μmol/L).
  • Associer un traitement par colchicine 0,5-1 mg/j durant les 6 premiers mois pour éviter les poussées :
    • en cas de contre-indication à la colchicine, un traitement par de faibles doses d'AINS ou de corticoïdes peut se discuter),
    • une surveillance de la NFS est conseillée, surtout pendant le premier mois de traitement,
  • Surveillance cutanée surtout au cours des 3 premiers mois de traitement par allopurinol (risque de DRESS ou de Lyell) : en cas d‘éruption cutanée même minime, le traitement doit être arrêté et est formellement contre-indiqué.
  • Traitement à vie.
Adaptation posologique en fonction du DFG
DFG > 60 mL/min

Allopurinol :

  • posologie initiale 50 à 100 mg/j (ordonnance),
  • paliers de 50 à 100 mg toutes les 2 à 4 semaines jusqu'à atteindre l'uricémie cible,
  • posologie maximale :
    • DFG> 100 mL/min : 900 mg/j en cas de forme sévère (fractionner les doses au-delà de 300 mg/j),
    • DFG 80 -100 mL/min : 300 mg/j,
    • DFG 60 - 80 mL/min : 200 mg/j.
30 mL/min < DFG < 60 mL/min
  • Avis spécialisé.
  • Fébuxostat :
    • posologie initiale : 80 mg/2j, 
    • posologie maximale : 120 mg/j,
    • palier : 40 mg,
    • contre-indiquée en cas de maladie coronarienne instable ou d’insuffisance cardiaque d’origine coronarienne.
  • Allopurinol :
    • posologie initiale : 50 mg/j,
    • paliers : 50 mg,
    • posologie maximale : 200 mg/j (100 mg/j si DFG< 40 mL/min).
  • Surveillance de la fonction rénale (risque de surdosage en traitement de fond et en colchicine en cas de dégradation).
DFG< 30 mL/min
  • Avis spécialisé.
  • Fébuxostat.
Adaptation

Contrôle de l'uricémie 2 à 4 semaines après chaque changement de dose (ordonnance) :

  • > 300 μmol/L :
    • vérifier l'observance,
    • augmenter la posologie (palier de 50-100 mg pour l'allopurinol et de 40 mg pour le Fébuxostat),
    • recontrôler l'uricémie 2 à 4 semaines plus tard (ordonnance)...,
  • < 300 μmol/L : poursuivre à la même posologie et contrôler l'uricémie tous les 6 mois.
Surveillance
  • Clinique :
    • cutanée : risque de toxidermie grave (surtout dans les premiers mois du traitement par allopurinol),
    • digestive : diarrhée, vomissement évocateurs de surdosage en colchicine,
    • articulaire : nouvelles crises.
  • Biologique :
    • NFS : en cas de traitement prolongé par colchicine, surtout pendant le premier mois du traitement (risque d’agranulocytose),
    • uricémie : voir ci-avant,
    • bilan hépatique (rythme non consensuel) : risque d'hépatite sous allopurinol ou fébuxostat,
    • créatinine (rythme non consensuel) : risque de surdosage en cas d'insuffisance rénale,
    • TSH (rythme non consensuel) : risque d'hypothyroïdie sous fébuxostat.

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Prescription d'IPP en cas de traitement par AINS
Indications
  • Co-prescription d’IPP et d’AINS en prévention de l'UGD uniquement si :
    • personnes ≥ 65 ans, ou
    • antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal (dans ce cas une infection à H. pylori doit être recherchée et traitée, voir fiche), ou
    • association de l'AINS à (pour rappel : ces associations doivent de principe être évitées) :
      • un antiagrégant plaquettaire (notamment l’aspirine à faible dose et le clopidogrel), ou
      • un corticoïde, ou
      • un anticoagulant.
  • Les IPP doivent être interrompus en même temps que le traitement par AINS.
  • IPP inutiles pour prévenir les complications digestives des antiagrégants plaquettaires/anticoagulants (sans AINS) chez les patients ayant un faible risque de complication (pas d’antécédents d’UGD ou d’hémorragie digestive haute notamment).
Ordonnances
(dose préventive)

Surveillance des plaquettes sous héparine
Indications
  • Surveillance plaquettaire systématique des plaquettes en cas de situation à risque intermédiaire ou élevé de thrombopénie induite par l'héparine (TIH) :
    • risque intermédiaire :
      • patient présentant un cancer.
      • traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative et contexte chirurgical (dont césarienne) ou traumatique (immobilisation...).
      • traitement par HNF à dose prophylactique.
      • antécédents d’exposition à une HNF ou aux HBPM dans les 6 derniers mois (en cas de réintroduction après une exposition récente, la chute des plaquettes peut être très rapide).
    • risque élevé :
      • traitement par HNF et contexte de chirurgie (dont césarienne).
      • traitement par HNF à dose curative.
      • circulation extracorporelle.
  • Un traitement par HBPM à dose prophylactique ou curative ne nécessite pas de surveillance systématique des plaquettes en contexte médical (sauf cancer) ou obstétrical (sauf chirurgie, dont césarienne) ou en cas de traumatisme mineur.
Modalités
  • Le rythme de surveillance des plaquettes n'est pas consensuel. La proposition retenue ici est celle des recommandations de l'ANSM (2011).
  • Situations nécessitant une surveillance plaquettaire systématique (voir ci-avant) : dosage plaquettaire :
    • avant l'introduction du traitement ou au plus tard 24h après son introduction,
    • puis 2 fois par semaine pendant 1 mois,
    • puis 1 fois par semaine jusqu'à l'arrêt du traitement (la nécessité de poursuivre la surveillance au-delà de 4-6 semaines n'est pas consensuelle),
    • et à chaque fois que nécessaire en cas de signes évocateurs de TIH :
      • aggravation ou nouvelle suspicion d’événements thrombo-emboliques veineux et/ou artériels,
      • lésion cutanée douloureuse au point d’injection sous-cutanée,
      • manifestation systémique anaphylactoïde.
  • Situation ne nécessitant pas de surveillance plaquettaire systématique : dosage plaquettaire :
    • avant l'introduction du traitement ou au plus tard 24h après son introduction,
    • à chaque fois que nécessaire en cas de signes évocateurs de TIH :
      • aggravation ou nouvelle suspicion d’événements thrombo-emboliques veineux et/ou artériels,
      • lésion cutanée douloureuse ou nécrose au point d’injection sous-cutanée,
      • manifestation systémique anaphylactoïde lors de l'injection.
Interprétation

Risque de TIH évalué par le score des 4T (calculateur) :

  • 0 à 3 : risque faible
  • 4 ou 5 : risque modéré
  • 6 à 8 : risque élevé

Toute suspicion de TIH ou score 4T ≥ 4 doit conduire à un arrêt immédiat du traitement par HBPM et à solliciter un avis spécialisé en urgence pour introduire un relais par anticoagulant non héparinique et poursuivre les explorations par un dosage des anticorps anti-PF4.